Aux fontaines de la cloche
Aux fontaines de la cloche
M'en allant promener
J'ai trouvé l'eau si moche
Que je m'en suis allé
Il y a longtemps que ces roches
Recueillent de l'eau troublée
Tout n'était que guenilles
Et membres frémissants
Faux garçons, fausses filles
Tristes adolescents
Il y a longtemps que tu frimes
Jamais je n'ai fait semblant
J'ai compris que leur mode
Leur modus Vivendi
Étaient aux antipodes
Des amours de jadis
Il y a longtemps que je rôde
Amen et De Profundis
Les blousons de la haine
Cachaient de pauvres cœurs
Que Rimbaud et Verlaine
Auraient pris comme leurs
Il y a longtemps que je peine
Ton cœur n'était qu'un voleur
La crasse, la déroute
Stagnaient sur leur chemin
Ils avaient pris la route
Triste, sans lendemain
Il y a longtemps que je doute
Du sort des mains dans les mains
Mais leurs visages d'ange
Fleurissaient malgré tout
Malgré toute la fange
Qui sortait des égouts
Il y a longtemps que je range
Fausses couleurs et faux goûts
Croyaient-ils en extase
Qu'ils vivaient par Villon
Et que dans cette vase
Ils tenaient leur salon
Il y a longtemps que mes phrases
N'ont plus cours mais c'est selon
Lors je les laissais faire
Pensant, ils sont heureux
Chacun son atmosphère
La leur faite par eux
Il y a longtemps que j'espère
Le temps des vrais amoureux
J'ai fui cette fontaine
Sans charme, sans attrait
En chantant des poèmes
Que nul ne comprenait
Il y a longtemps que je t'aime
Jamais je ne reviendrai