CHANSON DE NAGUERE
CHANSON DE NAGUERE
Quand la neige est trop belle,
et qu'elle calme l'ennui,
plus d'effrois, plus d'appels,
seul le calme dans la nuit.
« - Quand naguère nous étiez
du plus charmant appât,
distinguée, vous parliez,
du chemin, de l'aura.
Naguère, vous étiez aux frontières,
naguère, vous étiez tout là-haut,
naguère vous étiez la plus belle,
là-bas, surplombant le tombeau.
Si maligne, enjouée, Quand naguère, vous brilliez,
vous rappeliez vos noces, vous régniez alentours,
à nos jours bafoués, pas de temps pour crier,
à nos vies féroces. effacer vos atours.
Naguère, vous étiez en prière,
naguère, vous étiez tout là-haut,
naguère, silence sur cette terre,
là-bas, surplombant le tombeau. »
Grandiloquence extrême,
du haut de son chapeau,
elle régnait toute blême,
à s'en feindre les os.
Toute figée, toute « émoi »,
effroyable, enjouée,
effondrée, « pauvre soi »,
les temps ont reculé.
« - Naguère, vous restiez de pierre,
naguère, le long des hauts fourneaux,
naguère, les pions ont laissé faire,
là-bas, surplombant le tombeau.
Si supplice il y a,
c'est de vous voir blêmir,
si supplice il y a,
c'est de vous voir vieillir.
Si supplice il y a,
c'est de me voir blêmir,
si supplice il y a,
c'est de me voir vieillir, ... mourir. »