LA JUSTE FELONIE
La juste félonie
Il est un brigand, sans fortune,
méchante figure, piètre vie,
le vaurien des bonnes ruelles,
fait danser sa belle, pauvre jouvencelle.
« - Par devant, tu jongleras,
par derrière, je dépouillerai ! »
Et l'exquise, la poitrine espiègle,
se glisse le long des braves gens,
elle prise la riche foule, le ventre gras,
et le mauvais bougre applique sa besogne.
Par devant, elle danse,
par derrière, il emporte.
La foule volée, ils se retirent,
et se repose l'homme, elle, à la tâche,
puis il boit, se remplit la panse,
prend la belle, et se satisfait.
Par devant, il maltraite,
par derrière, il s'éprend.
Il s'endort, et cuve la vigne,
elle use de courage, prend une lame,
elle l'égorge, fait saigner l'indigne,
lui ouvre la panse, et crache à terre.
« - Par devant, je prends ta fortune,
à l'arrière, je te laisse là ! »