Le Pétrousquin
Dans une tour de verre, loin des premiers herbages
Au cent-vingtième étage demeure un cul-terreux
Ce drôle de paysan s'invente des bocages
En élevant des nuages, en cultivant du bleu
Au comptoir des bistrots, aux terrasses des troquets
Il cueille, glane et grappille, fait sa moisson de grains
Puis il les distribue comme autant de bouquets
En guirlandes de mots à ses contemporains
Il jardine des rêves sur des nappes en papier
Et lance des ramures sur des calepins
Il transforme en treillage les carreaux des cahiers
D'un ticket de métro, il se fait un lopin
Dondon laridondaine
Dondaine laridon
Dondon laridondaine
Laridon
Il est le pétrousquin, le glaiseux de la vie
Le bouseux qui cultive les fleurs de macadam
Le pavé des faubourgs, dit-il, devient fertile
À qui sait faire pousser ce qui grandit les âmes
Il donne de la basket comme on claque des galoches
Sur le bord des trottoirs il part en percussion
Il sillonne la cité, des rengaines plein les poches
Et laisse en son sillage germiner les flonflons
Taillés dans du badin pour faucher la grisaille
Les citadins reprennent ses refrains
Ce sont des mots de joie qu'il veut pour seules semailles
Son terroir c'est la ville, son terreau c'est l'humain
Dondon laridondaine
Dondaine laridon
Dondon laridondaine
Laridon
Dondondon laridondaine
Ridondaine laridon
Dondon laridondaine
Laridon
Dans une tour de verre, loin des premiers herbages
Au cent-vingtième étage demeure un cul-terreux
Ce drôle de paysan s'invente des bocages
En élevant des nuages, en cultivant du bleu