T'EN SOUVIENT-IL ?
Tous les bonheurs sont à ta porte
Comme des roses à cueillir
Le vent du passé les rapporte
Sur les ailes du souvenir
Ferme les yeux ouvre ton âme
Tu trouveras au fond de toi
Sous la cendre chaude des flammes
Le goût perdu d’anciens émois
Soleil couchant sur Marrakech
L’Atlas au loin qui se profile
Nos promenades en calèche
T’en souvient-il ?
Ces chants de femmes aux voix pures
Psalmodiant dans la nuit tranquille
Déchirant comme une blessure
T’en souvient-il, t’en souvient-il ?
Nous étions partis coeur alerte
Pris d’une ferveur enfantine
À l’âge de la découverte
Au pays où le muezzin
Du haut d’une tour millénaire
Appelle en donnant de la voix
Les fidèles à la prière
Au nom de l’islam et d’Allah
Des parfums d’oranges amères
Au matin enivraient la ville
Portés par le vent du désert
T’en souvient-il ?
Odeurs de fleurs, saveurs d’épices
De notre palais difficile
Nous jouissions de tous les délices
T’en souvient-il, t’en souvient-il ?
À Paris les rues sont moroses
L’hiver leur met la goutte au nez
Viens partons raviver les roses
Fanées, de nos tendres années
On se perdra dans les dédales
De la grouillante médina
Et contemplerons les étoiles
Scintillantes sur Djemââ el Fna
Nous referons du marchandage
Face aux boutiquiers volubiles
Aux gentillesses d’un autre âge
T’en souvient-il ?
Et revivrons les joies profondes
De se croire seuls sur une île
Tous deux loin du reste du monde
T’en souvient-il, t’en souvient-il ?
Je sens comme une joie immense
L’avion se posera bientôt
Dans mon coeur, les images dansent
J’ai le nez collé au hublot
La ville sous mes yeux s’étire
Je vois les remparts tout autour
La koutoubia qui semble dire :
« Amis vous voilà de retour »
Voyage d’amour et de noces
De plaisir d’amour juvénile
Nous n’étions encore que deux gosses
T’en souvient-il ?
Nous engrangerons des merveilles
Comme au début de notre idylle
Et je te dirai à l’oreille
T’en souvient-il t’en souvient-il ?