RETOUR A PANAME

VINCENT BRION

RETOUR A PANAME

Retour à paname
Ses macaques, son macadam
Retour chez oim
Revoir mes sales ganaches
Et mes madames
J’déteste l’avion
Ses gueules de cons
Ses files de mouton
Ce type qui t’touche les couilles
Au cas où
T’aurais planqué du chichon
Bon bon bon
Le voyage s’est bien passé
Mais j’ai semé la moitié de mon keuss
Dans des pensions de jeunes fauchés
Fait 150 rencontres
Et j’repars avec 200 mails
Qui m’écriront jamais
Et que j’oublierai dans une semaine
Dans une dizaine d’heures
Les banlieusards qui s’tuent à Orly Sud
Le RER, les stups
Et leurs chiens qui t’saoulent
Un peu déçu, j’ai pas eu le temps
De voir ce bled paumé
Plus une thune dans la poche
Mais des souvenirs pour une année
Retour au bercail
Me fondre dans le bétail
Chercher la maille
Bouffer du gras chez Mac Donalds
Un peu sale, claqué, revigoré
J’vais retrouver mes ruelles
Mes cafés
Mon adorée
Retour sur terre
Fini le whooper et les frontières
Et la solitude de l’humour français
Qui passe pas
Fini les journées de bus
Les regards fixes et les mystères
Les paquets de dix, le pain dégueu
Et ce putain de passeport
Retour aux pâtes, retour aux sapes
Retour du sable dans le sac
J’veux du repos, quelques repères
Et une bonne cuite dans ce bar
Retour aux « wesh batards »
« Hey connard »,
Aux tarés du tromé
Aux barrés du crâne
Aux dépravés
Aux mecs cramés
La première chose
Que j’fis quand je rentrai
C’est poser mon cul sur un banc
Du boulevard St Michel
Voir les parisiennes
se dandiner un sac sous le bras
Des chinoises, des renois
Des gendouches, des manouches
Des toutes pâles
Sur un bout de table
J’trie mes photos
Une larme dans l’coin de l’oeil
Il est pas né celui qui m’fera
Décrocher le téléphone
Retour aux râleurs
Et aux rappeurs misérabilistes
J’les aurai bien pris avec oim
Ca les rendrait peut être
Moins triste
Car tu comprends mon pote
Moi j’aime ma ville, son énergie
L’eau qui coule sous ses ponts
Depuis qu’j’y suis
N’a jamais été tachée
Ni même blanchie
J’aime ses défauts, son bordel
Son non-respect de l’ordre
Ses places qui puent la mort
A ses grandes avenues
Bordées d’or
J’peux pas rester planter là
Plus de six mois
Mais quand je reviens
L’amour est trop fort
On forme qu’un
Comme des siamois
J’reviens comme dans un port
Retrouver les putes et ma belle
Recolorer l’bateau
Le mal de pères et mères
Suis-je le capitaine de ce voyage ?
En vrai, j’nage le crari, souvent coule
Alors loin de mon une pièce
J’me saoule aux sourires et à la vie cool
Retour à Paris, j’passe des nuits
Dans mon mini home studio
A essayer de faire des morceaux
Avec mes écrits
Météo, politique et faits divers
Rien n’a changé
A part qu’y a plein de Français
Qu’ont pas pris l’air et qui t’demandent
- C’était bien c’était beau
Les gens étaient sympas
ou ils étaient cons ?
Et tout est tellement plus compliqué
On part avec plein de clichés
On ramène des incertitudes
Ils demandent de simplifier
Y’a des lieux sanctifiés
D’autres qu’on a sacrifié
Les retours c’est plein de remords
Plein de regrets, plein de secrets
Pas besoin d’aller loin
Tout se passe dans la caboche
Partir c’est fastoche
Revenir c’est la pétoche
J’arrive avec la vinasse, du tissu
De la zicmu, des pistaches
Des histoires pour les p’tits zincs
Et une grosse moustache
Partir loin, fuir le quotidien
Et revenir près des siens
Dans son home sweet paname
Partir loin, fuir le quotidien
Et revenir près des siens.
(bis)

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