Les fros
Y ont d'mandé des ventilateurs
à cause du gaz dans le smelter:
«On veut d'l'eau chaude, on veut aussi
un peu d'soleil avant la nuit.
R'montez la cage avant cinq heures.»
«Dehors les Fros», a dit Roscoe
«That's what I call a silly cause'cause
l'm only here for the money, stupid.
The French Canadians wanted by the mine.»
Ça fait cinquante ans aujourd'hui
qu'les blokes sont icitte pour le cuivre.
Nous aut', un peu plus pour survivre
comme les lièvres qui courent la nuit.
À Montréal, aux Trois-Rivières, à Québec
y a rien à manger. Le monde est pas content.
La misère noire c'pas drôle à voir.
Envoye dans l'bois, ça presse,
une poche de fleur, une canne de graisse.
C'était l'Abitibaloney
des années mil neuf cent trent'queuqu'.
«Y aura du gagne pour tout' le peuple,
d'l'espace, d'la liberté», qu'y ont dit,
mais tu t'habitues à penser à toi
quand la terre gèle en plein été.
Les Foreigners ont pas rentré,
les cheminées s'sont arrêtées,
qu'on a ben vu de Cléricy.
«Laissons brûler les abattis;
la mine engage, j'descends dans'cage.
Y a pas de trou plus sombre qu'ici.»
«Bend on your knees Commies and sing
a song for your kind Copper King.»
Vive la company!
On n’aime pas longtemps
Un homme qui se plaint.
Un dernier mot seulement
Et puis j’efface mon chemin.
Le jour où c’est qu’on m’trouvera mort,
Enterrez-moi debout la tête dehors.
Au soleil!