Rue Ste-Catherine
Rue Sainte-Catherine, une taverne triste,
Mais pas d' la tristesse pour touristes:
De la tristesse à la lumière,
Qui rentre par les vitres sales,
Qui joue entre les verres de bière,
Et qui colle sur votre table,
Qui coule des visages gris
De tous les gars qui sont assis.
Ceux qui traversent les quartiers de l'est,
Dans leurs voitures climatisées, aseptisées,
N'ont pas le temps de voir ceux qui restent,
Ceux qui restent.
Dehors, il y a de gros gaillards
Qui marchent en f'sant trembler leur lard,
Des Italiens qui parlent encore
D'une autre lointaine Amérique,
Où ils pourront trouver de l'or,
Et qui, pour l' moment, comptent leur fric,
Le père Lamontagne qui passe,
Soûl d'hier soir, soûl de guerre lasse.
Ceux qui traversent les quartiers de l'est,
Dans leurs voitures climatisées, aseptisées,
N'ont pas le temps de voir ceux qui restent,
Ceux qui restent.
Rue Sainte-Catherine, la mère Côté
Qui tappe son homme à coups d' souliers,
Les vieux assis sur les perrons
Qui r'gardent passer les avions,
La maffia qui rôde quelque part,
Dans les journaux, la vie des stars,
Et la misère, par-dessus tout,
A Montréal, en ce mois d'août.
Ceux qui traversent les quartiers de l'est,
Dans leurs voitures climatisées, aseptisées,
N'ont pas le temps de voir ceux qui restent,
Ceux qui restent.