Tarent'elle

Le hasard m'a fait naître petite fille.
“D'accord, Maman, je serai bien gentille”,
dès le berceau c'est la même rengaine
qu'on nous rabâche tous les jours de la s'maine.
“Être jolie, c'est la moindre des choses”
qu'on te dit tout en t'habillant de rose.
“Il faut être sage et bien dévouée.
Vivement qu'on te trouve un fiancé !”

“Principessa, tu auras plein d'enfants.
Tu t'en occuperas, évidemment.
Oui, mais ta principale occupation
sera de bien nettoyer la maison.”

Mais oui, mais oui, on a bien obéi.
Mais non, mais non, je n'suis pas Cendrillon.

Vous les garçons, vous aurez l'ambition
pour être ingénieur ou pilote d'avion,
conquérir le monde et sans compassion
pour le pouvoir et ses décorations.
Pour être fort, il ne faut pas pleurer,
parler plus fort pour se faire respecter.
Des Don Juan si beaux en pantalon,
et, même morts, vous v'là au Panthéon !

Mais, dites-moi, y a un truc qui m'échappe :
l'égalité est passée à la trappe.
Fille ou garçon, voici les différences
qu'on se farcit dès la petite enfance.

Mais oui, je crois que la fête est finie.
Mais non, mais non, t'es pas Napoléon !

Le premier qui me dit “Sois belle et tais-toi !”
je vais lui faire goûter d'ma tarte aux doigts.
Johnny, Johnny, arrête de me faire mal,
l'amour qui fait boum ça n'est pas normal.
Ne prends pas peur, oh non, pas de panique,
joli monsieur, je n'suis pas hystérique.
Je chante fort c’est pour que tu comprennes.
Apparemment, ça n'est pas de la crème.

Vieni con noi si tu veux qu'ça s’arrête,
regarde-moi, relève un peu la tête.
Chantons ensemble cette chanson,
c'est parti pour notre révolution !
Je compte bien, passez-moi l'expression,
du sexe faible lancer la rébellion.

Mais non, mais non, j’mettrai pas des talons.
Mais oui, mais oui, j'ai les mains dans l'cambouis.
Mais quoi, mais quoi, le barbecue c'est moi.
Mais oui, mais oui, je m'occupe du méchoui.

Ma si, ma si, c'est la cacophonie.
Mais non, mais non, je joue pas d’l'accordéon.
Ma si, ma si, je sens une accalmie.
Mais non, mais non, c'est la révolution !

Mais, pas de chance, je ne suis pas vieille France,
mais, pas d'angoisse, j’te f'rai plus d'grimaces.
Mais qu'est-ce qu’il s'passe ? Il faudrait qu'on s'embrasse.
Mais non, Papa, arrête ton cinéma.
Mais non, Maman, faut vivre avec son temps.