Escaliers

La vie est faite d'escaliers de toutes sortes
Pour aller de cave en grenier, de porte en porte
Et qu'ils soient droits, qu'ils soient tordus, on les affronte
Quand on les a bien descendu, on les remonte

On sait bien que les escaliers font le cœur battre
Comme ceux qu'on grimpe à la volée et quatre à quatre
Ainsi, nos amours de bohème, de quelques heures
S'abritent toutes au 6ème, sans ascenseur

Pourtant, on retourne au premier s'mettre en ménage
Il y a toujours un escalier pour chaque étage

De haut en bas, de bas en haut
Qu'ils nous conduisent à l'échafaud
Ou vers les sommets des podiums
Tous les escaliers mènent à Rome

La vie est faite d'escaliers où vagabondent
Et se croisent sur les paliers, un peu tout l'monde
C'est une salle des pas perdus, c'est une auberge
Et le royaume bien entendu de la concierge

Y a ceux qui prennent tout leur temps, ceux qui dévalent
Ceux qu'on dépasse en sifflotant, et ceux qui râlent
Saluons les quoiqu'on éprouve pour ces braves gens
Ils se pourrait qu'on les retrouve en descendant

Parfois, il faut se faire aider pour les bagages
Il y'a toujours un escalier que l'on partage

De haut en bas, de bas en haut
Et quelque soit notre fardeau
Qu'on traine, qu'on fonce ou qu'on slalome
Tous les escaliers mènent à Rome

La vie est faite d'escaliers rudes et raides
Vermoulus, grinçants sous nos pieds, parfois ils cèdent
On croit s'élever d'un pas sûr comme on s'envole
À cause d'un rien sous la chaussure, on dégringole

Sentier longeant des précipice, où l'on va seul
C'est dans l'escalier de sévices qu'on s'casse la gueule
Chutes sans fin, c'est le destin dans un grand cri
Qui nous attend lorsque s'éteint la minuterie

Serpents de fer, monstres d'acier tenus en cage
Il y a toujours un escalier prêt au carnage

De haut en bas, de bas en haut
Comme la bobine d'un yo-yo
Pour les girouettes que nous sommes
Tous les escaliers mènent à Rome

La vie est faite d'escaliers, et puis après
Est-ce que tout ça va continuer, à tout jamais?
Quand il faudra, au jour dernier, que je décampe
Que de mon ultime escalier, je lâche la rampe

Est-ce qu'il y aura dans l'au-delà un patriarche?
Si bienveillant qu'il m'attendra en haut des marches
Est-ce que Satan dans ses bas-fonds, attisera le feu
Tout en bas d'un colimaçon vertigineux?

Mais non, je crois plus volontiers au sarcophage
Il n'y aura pas d'escalier et pas d'étages

De haut en bas, de bas en haut, jusqu'au néant, jusqu'au tombeau
Jusqu'à l'arrêt du métronome, tous les escaliers mènent à Rome

J'aurais encore des choses à dire sur le sujet
Mais de tous mes défauts, le pire, c'est que j'n'ai jamais
Sur le moment de répartie, la bonne idée
C'est ce qu'on appelle, "Avoir l'esprit de l'escalier"