Les trois danses
C’est heureux que les enfants
Se dépensent dans la danse
Imaginez qu’ils commencent
À regarder les plus grands
Laissons mesurer le temps
De leur danse la plus belle
Les danses qui les appellent
Sont des danses de parents
Faut garder le pas du temps
Vous prenez ma tante Ursule
Qui refusait la pilule
À sa fille de quinze ans:
«On avait du règlement
On commençait pas si jeune»
Mais c’est justement ce jeûne
Qui lui fit quatorze enfants
C’est trop tôt, c’était trop tard
On n’apprend pas la mesure
À l’usage ou à l’usure
Sous la battue du hasard
«Bonsoir, amusez-vous bien
Laissez-nous la porte ouverte»
Si les pommes sont trop vertes
C’est un peu qu’on s’en souvient
La musique à rendre sourd
L’âme et le corps en alerte
C’est chacun sa découverte
Dans la danse de l’Amour
C’est heureux que les enfants
Se dépensent dans la danse
Imaginez qu’ils commencent
À regarder les plus grands
Laissons mesurer le temps
De leurs danses les plus belles
Les danses qui les appellent
Sont des danses de parents
Pour devenir un chômeur
Aujourd’hui faut des diplômes
Mais dans le cerveau qui chôme
On fait pas pousser de fleurs
Je connais un étudiant
Qui s’est fait couper les vivres
Pour avoir lu trop de livres
Qui ne parlaient pas d’argent
Son papa, mon oncle Hervé:
«Je me suis bâti moi-même
— Ça se voit, dit le problème
— Tu commences à m’énerver»
On est tout seul dans sa peau
Et chacun dans sa chimère
Entre le fils et le père
On a changé de drapeau
La richesse est dans les gens
Qui perd, gagne est dans la ronde
On ne manque pas de monde
Pour la danse de l’Argent
C’est heureux que les enfants
Se dépensent dans la danse
Imaginez qu’ils commencent
À regarder les plus grands
Laissons mesurer le temps
De leur danse la plus belle
Les danses qui les appellent
Sont des danses de parents
La musique du pouvoir
Qui fit marcher père et mère
Attend d’autres partenaires
Il est temps de nous asseoir
Il ne serait pas trop tôt
Pour remettre nos atomes
Dans les mains d’un agronome
Qui n’est pas dans la photo
Le vieux Paul est paysan
Tit-Pit travaille à l’usine
Rita sort de sa cuisine
Prétendument pour l’argent
L’oncle Hervé gueule partout:
«Mon Jean-Guy sera ministre»
Ma tante Ursule enregistre
Les progrès de sa Loulou
On peut changer le décor
Mais jamais les personnages
Leurs premiers pas les engagent
Dans la danse de la Mort
C’est heureux que les enfants
Se dépensent dans la danse
Imaginez qu’ils commencent
À regarder les plus grands
Laissons mesurer le temps
De leur danse la plus belle
Les danses qui les appellent
Sont des danses de parents
Chacun met dans ses souliers
Sa musique et sa cadence
C’est la seule compétence
À se mettre dans les pieds